Selon Thanos Marinos, le seul opérateur de bitcoins en Grèce, « la demande (de bitcoins) dans les quatre dernières semaines a augmenté de 400% et le nombre de clients inscrits de 600% », lit-on dans le Coin Telegraph. Ce chiffre a été repris par divers organes de nouvelles, y compris Reuters et l’International Bussiness Times, qui affirment que les Grecs convertissent leur argent en crypto-monnaie pour se protéger du gouvernement.
« Les Grecs se ruent sur les bitcoins » était le titre d’un article peu fiable de CNN Money qui ruine cette assertion dès la quatrième phrase. Lorsque les sources mettent l’accent sur les pourcentages sans fournir de données statistiques, les journalistes devraient refermer leur carnet et éviter d’écrire n’importe quoi. En d’autres termes, s’il y avait un seul client enregistré dans l’échange Bitcoin de la Grèce le mois dernier et qu’il y en a désormais cinq, cela donne une augmentation de 400 %. Et ceux qui s’enregistrent n’achètent pas nécessairement quoi que ce soit.
Si jamais des Grecs ont parlé de transférer leurs économies dans les bitcoins, ils ont laissé passer leur chance de le faire. La meilleure façon d’acquérir des bitcoins est de procéder à un échange en ligne comme Coinbase, qui implique le paiement en monnaie fiduciaire avec une carte de crédit. Mais les banques grecques bloquent actuellement pour leurs clients tout paiement en ligne. Une petite librairie en dehors d’Athènes a installé récemment le premier bitcoin ATM du pays qui accepte l’argent liquide. Mais les grecs ne pouvant retirer que 60 euros par jour, qui voudrait échanger ses précieuses liquidités pour une monnaie sans usage alors qu’il faut se procurer nourriture et carburant ? Un employé de la librairie où fonctionne le Bitcoin ATM a déclaré au eNews Channel Africa : « depuis que l’enfer s’est déchaîné, cela ne présente plus aucun intérêt ».
Le problème qui se pose dans presque toutes les utilisations de bitcoins est toujours le même : aussi longtemps que le commerce de la cryto-monnaie sera en interaction avec le système bancaire traditionnel, les bitcoins serviront principalement de moyen d’achat assez médiocre en raison de la volatilité des prix. Le point d’échange entre bitcoins et monnaie fiduciaire limite sévèrement l’utilité de la crypto-monnaie parce que les gouvernements l’utilisent comme un goulot d’étranglement pour en prendre le contrôle, soit en empêchant efficacement les gens d’acheter des bitcoins en ligne, comme en Grèce, ou en soumettant les entreprises qui effectuent ces transferts d’argent à des réglementations byzantines, comme aux États-Unis.
Bitcoin ne réalisera toutes ses promesses que lorsqu’il pourra fonctionner comme un système fermé, ce qui signifie que les consommateurs pourront acheter des articles dans des magasins qui accepteront les bitcoins et qui pourront à leur tour payer leurs fournisseurs et leurs employés en bitcoins, qui à leur tour les dépenseront dans d’autres commerces, etc. Les plus intéressantes entreprises Bitcoins cherchent à réaliser cette transition comme dans la Silicon Valley, la startup Abra.
Je suis certain que la plupart des Grecs aimeraient transformer par magie toutes leurs économies en monnaie échappant au gouvernement, mais pour y parvenir il faudrait énormément de confiance et de liquidités. Malheureusement une augmentation de 400 % d’utilisateurs en bitcoins enregistrés ces quatre dernières semaines, ou même une augmentation de 400 % des utilisateurs enregistrés les quatre prochaines semaines n’en feront pas pour autant une réalité.
Source: Contrepoints.org
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.